[lectcriture] les murs mûrs

Un mot. Tard le soir, une chambre d’hôtel, dehors la ville s’ébroue aux plaisirs cachés par la nuit, la lune qui entre à peine entre les rideaux tirés, les rêves éparpillés ça ou là, ceux qu’on trimballe de jour comme de nuit, ou deux jours comme deux nuits, avant d’en choisir d’autres, de plus récents, de plus adéquats, de ceux qui nous feront marcher quarante-huit heures de plus, la nuit dehors, qui s’ébroue sur la ville, les bruits se fondent en murmure régulier, la palpitation incertaine des conversations, les hésitations de ceux qui seront peut-être amants tout à l’heure, la perte de conscience de ceux pour qui tout est déjà fini, le murmure de la ville enfle à peine avec le vent, se faufile juste un peu plus profond dans les intérieurs protégés, se glisse par les meurtrissures des murs, dans les interstices que les boiseries des fenêtres ne parviennent plus à repousser, à moins que je parvienne à ne plus entendre, le murmure de la ville rebondit sur mon silence, dans la chambre d’hôtel, je trie de vieux rêves, murmures de mon espoir.