[lectcriture] Le vent et la lumière ôtés

Le vent assène des baffes au palmier devant ma fenêtre, souvent dans ma vie palmier était planté devant ma fenêtre m’invitant au sud toujours plus au sud. Le vent toujours qui a maintenant conduit la nuit jusqu’à moi, je regarde par la fenêtre de l’hôtel, double-vitrage, on n’entend plus rien ou presque du dehors, nous sommes enfermés capitonnés, je vois juste les feuilles du palmier tressauter, se plier accepter l’étreinte violente du courant d’air inconstant, imprévisible, irritant, derrière le carreau je regarde sans dire sans rire, capitonné je suis dans le confort moderne, et demain, lorsque sera venu le temps de sortir, alors encore je serai saisi par le froid, saisi par les bruits de la ville et du vent mêlés, saisi par ces sons soustraits à mes oreilles ce soir, quand la nuit noire s’installe, le palmier comme une ombre je ne l’aperçois plus que parce qu’il empêche la lumière des lampadaires de parvenir entièrement à moi, se découpe à mon regard je le vois, paradoxalement, parce qu’il empêche la lumière. Le vent lui passe, un peu de buée sur la vitre, mon souffle paisible, un peu d’humidité sur le verre,j’ouvre la fenêtre coulissante et je fais une place aux bruits et aux courants d’air au bout de mon lit, à côté de ma veste rangée en boule.